Partecipazioni nazionali - La Biennale di Venezia 2017


Pour cette édition 2017, le Lion d'Or du meilleur pavillon fut attribué à l'Allemagne. Le jury fut particulièrement impressionné par l'ouverture du pavillon cerné de grillages et barbelés. Des dobermans gardaient l'entrée et les visiteurs marchaient sur un plancher en verre dominant des êtres enfermés dessous, dans un univers glauque à souhait. ANNE IMHOF n'a pas sous la main ces performers pendant toute la durée du projet. La plupart du temps, on surplombe juste quelques artefacts comme laissés à l'abandon : une guitare, un ampli Marshall, une étoile de téléphones portables, un lit en cuir, quelques accessoires SM, un robinet qui coule en permanence. Rien de bien intéressant. 


Il faut regarder à droite du pavillon allemand pour trouver le pays qui remporte à mes yeux le concours cette année : la Corée du Sud. Deux artistes y ont été sélectionnés : CODY CHOI et LEE WAN. Le premier a réalisé Venetian Rhapsody, structure illuminée trônant à l'extérieur du bâtiment. On retrouve à l'intérieur sa version du Penseur avec juste l'endroit creusé pour s'y glisser. Sa façon d'exprimer une certaine "cultural indigestion". Lee Wan est plus jeune (38 ans) mais finalement moins expérimental. Proper Time mène le curieux dans une salle dont les murs sont couverts de 600 horloges. Sur chacune d'elles sont écrits le nom, la date de naissance, la nationalité, la profession d'une personne. L'heure correspond au temps qu'il faut dans le pays concerné pour que celle-ci ait les moyens de se payer un repas. Si vous aimez les mathématiques, tout le calcul est présenté ici. Lee Wan permet aussi de parcourir toute l'histoire de la Corée du Sud du début du XXe siècle à aujourd'hui à travers l'histoire d'un certain Mr K dont il a retrouvé une boîte garnie des photos de sa vie. Ce sont quatre exemples parmi les quatorze œuvres que regroupe le pavillon. 


Juste à côté, on a deux choix pour entrer dans le pavillon du Japon. En bas, on monte quelques marches pour passer sa tête dans un trou qui permet de voir l'intérieur à 360 degrés. On expérimente le sentiment de surprise ou de honte. En haut, ceux qui dévoilent leurs visages sont photographiés. TAKAHIRO IWASAKI a été sélectionné pour son pays avec un ensemble d’œuvres appelées Turned Upside Down, It's a Forest. La fragilité des structures contraste avec la taille de la pièce. Tectonic Model pique la curiosité sur le choix des livres exposés et la capacité de l'artiste à faire tenir l'ensemble.


Dans le même secteur des jardins Giardini, le pavillon de la France est bien moins poétique. XAVIER VEILHAN a construit un studio d'enregistrement et régulièrement des artistes (inconnus) viennent s'y produire. Les Echoes de Studio Venezia peuvent s'écouter sur le site dédié (ici). En fonction du moment où l'on vient, il peut ne rien se passer ou des musiciens peuvent jouer (même si au final il ne se passe pas grand-chose). C'était le cas lors de ma visite avec la performance des invitées du label Electronic Girls. Xavier Veilhan est présent, filme avec son téléphone. Une de ses assistantes le suit fidèlement et ne cache pas son enthousiasme. Xavier Veilhan conclut par "ça manquait un peu de rythme au début non ?". Tu m"étonnes.. On retrouvera son studio ensuite à Buenos Aires et Lisbonne. Sûrement plus ambiancé ?


Pour la peine, rejoignons quelques pavillons de l'Arsenale bien plus marquants. MIKELIS FISERS se révèle extrêmement drôle dans le pavillon de la Lettonie. Dans son style caractéristique, il aime bien jouer sur les mots et créer des univers parallèles. Le public tourne autour ces panneaux de bois vernis noir où sont gravées des scènes bien improbables. On pensait rentrer et sortir rapidement mais en fait tout le monde est surpris, s'attarde, appelle son voisin, "tu as vu celui-là ahahah". Guided Shopping Tour for Extraterrestrials at Champs-Elysées, Paris. Man-Eater Reptiloids Having Breakfast at Goundron Pounds. Ancient Aliens Execute Overqualified Rocket Scientists at Palenque, Mexico. Reptilian immobilizes Hallucinating Darwinists


Visuellement, les sculptures de CLAUDIA FONTES dans le pavillon de l'Argentine sont les plus impressionnantes. The Horse Problem est superbement mis en scène dans cet ancien hangar du port de Venise. Captif, le cheval, ancien symbole de puissance, semble être rassuré par une jeune fille, impuissante de l'écroulement de son monde. Cette œuvre fait écho à la Fearless Girl de Kristen Visbal se tenant près de Wall Street. Les femmes ont vraiment le pouvoir dans l'art contemporain.


Pas du tout visuel mais à la portée bien plus grande, la Tunisie a décidé de créer The Absence of Paths en partenariat avec la Fondation Kamel Lazaar (qui travaille par exemple avec Maha Malluh, évoqué dans l'article précédent). Un homme tient un guichet qui permet d'obtenir un passeport permettant de devenir un voyageur universel, sans restriction. Le projet se fait en collaboration avec Veridos GmbH qui réalise dans le monde 65% des documents d'identité certifiés. On pose son doigt sur un encreur puis dépose son empreinte sur le passeport qui nous est confié. "Faites en bon usage" nous souffle-t-on sur un ton quand même un peu kafkaïen. Le site internet du projet est régulièrement alimenté par des contributions d'artistes (ici) et nous fait avant tout réfléchir sur la condition des migrants.


La Biennale de Venise est toujours très géopolitique. On n’échappe bien heureusement pas à cette ambiance en entrant dans les pavillons de la Russie puis d'Israël. RECYCLE GROUP est vraiment à connaître. Les artistes russes Andrey Blokhin (1987) et Georgy Kuznetsov (1985) ont créé l'enfer de Dante dans les travées du pavillon. Pour Blocked Content, une intelligence artificielle a décidé de punir les "sinners" de l'internet. Les raisons de leur enfermement sont écrites sur les tombes à visage découvert. GRISHA BRUSKIN a lui connu l'URSS. Il mêle ces influences totalitaires à sa vie d'artiste new-yorkais. Interview intéressante ici du créateur de ce Theatrum Orbis.


Dans le pavillon israélien, GAL WEINSTEIN a travaillé in situ. Le visiteur est prévenu à l'entrée, il ne doit pas être sensible à l'odeur de moisissure. L'artiste a utilisé du café mélangé à du sucre pour recréer la vallée de Jezreel, colonisée par les premiers pionniers sionistes. L'installation mute au fil des semaines, change de couleur, d'odeur. A l'étage, un missile en fibre acrylique semble "protéger" l'ensemble.


Le pavillon de l'Islande est bien caché dans une ruelle de l'île de Guidecca, dans les locaux de Spazio Punch. Pour Out of Control in Venice, EGILL SAEBJORNSSON donne vie à deux trolls : Ugh et Boögâr. On monte d'un côté ou de l'autre de la structure en bois, d'un ou deux étages pour les voir discuter dans une performance interactive bien rodée. Les deux amis discutent de leur vie de troll, la bouffe, Tinder, Trump, la vie quoi.. Ils remarquent que manger des Américains leur donne quelques flatulences et font tenir une conversation entre le président des États-Unis et Margaret Thatcher. Il lui confie que son job est bien mieux que celui de premier ministre car il peut décider de tuer davantage de personnes.


Le pavillon chinois, tout au bout de l'Arsenale, n'est pas intéressant, contrairement à ces voisins de Macao et Taiwan. A Bonsai of my Dream est considéré comme un événement collatéral dont l'entrée (gratuite) se situe juste en face de celle de la billetterie de la Biennale. WONG CHENG POU pense ce petit arbre comme un refuge face à la complexité, la densité de la ville.


Près de la place San Marco, le Tapei Fine Arts of Taiwan a choisi de célébrer TEHCHING HSIEH. Il est connu pour ses performances extrêmes qui sont documentées ici. Il choisit de se prendre en photo toutes les heures dans la même position, avec les mêmes vêtements pendant un an, sous serment et témoin. Ou encore de vivre constamment dehors pendant un an à Manhattan, New York. Sur les murs de cette exposition dénommée Doing Time, on retrouve les cartes de tous les lieux où il s'est posé, avec pour chaque jour, la somme d'argent qu'il a dépensé pour se nourrir et l'endroit exact où il a fait ses besoins. Une vidéo le montre aujourd'hui face à cet acte qui date de 1981-1982. On le revoit furieux de ne pas pouvoir tenir son engagement quand des policiers l'embarquent au pose de police.


ZAI KUNING (né à Singapour en 1964) s'est toujours intéressé aux peuples de la mer. Sa situation géographique étant pour cela idéal. Dans le pavillon de son pays, il ressuscite l'histoire de Dapunta Hyang, nom donné au roi malais du 7e siècle dans la cité-état de Sriwijaya. Un bateau rappelant cette ère de domination a été fabriqué pour l'occasion.


La Mongolie connaît une croissance à deux chiffres depuis de nombreuses années et visiblement l'évolution rapide de la société marque les artistes. Le saviez-vous ? La culture du cachemire entraîne un élevage bien trop intensif des chèvres et l'érosion des sols. En 2010, des conditions climatiques extrêmes ont « corrigé » cette tendance en tuant des millions d'animaux dans le pays. MUNKHBOLOR expose donc des crânes pour rappeler l'événement à travers ce Karma of Eating. On retrouve aussi 60 cigognes-fusils de CHIMEDDORJ.


Dans le même ensemble de bâtiments, on entre dans le pavillon du Zimbabwe. Comme pour le Mozambique il y a deux ans, c'est la bonne surprise. Le sculpteur SYLVESTER MUBAYI installe ses Snail Crossing River. CHARLES BHEBE nous rappelle que la peinture est aussi un bon moyen d'expression artistique. Il n'en a pas été questions depuis le début de l'article.


L'autre peintre intéressant, surprenant, nous vient d'ALBANIE. Dans son pavillon, LEONARD QYLAFI a travaillé à partir de photographies de propagande communiste du parti Enver Hoxha mais aussi de clichés de manifestations (Occurence in Present Tense).


Grenada propose aussi de jolis traits posés sur du tissu par ASHER MAINS (le seul dont la photo est en costume). Sea Lungs est aussi censé sensibiliser à la perte progressive des récifs coralliens en mer des Caraïbes.


La Nouvelle Zélande a choisi LISA REIHANA pour une œuvre panoramique et cinématique rappelant beaucoup le grand écran du pavillon polonais il y a deux ans. La base de son travail est le récit des voyages de La Pérouse, Bougainville, James Cook il y a 250 ans à travers le Pacifique. Il se mêle aux cultures indigènes auxquelles l'artiste appartient. La mort de Cook à Hawaï est un point de rupture dramatique de ce film qui défile devant nos yeux.


Sinon, le Mexique invente un alphabet avec AMORALES. 


Le Chili reprend la tradition des masques Mapuche avec BERNARDO OYARZUN. 


Les sculptures du pavillon des Seychelles sont en extérieur. King King Rhino a été construit par un artiste taïwanais (SHIH LI-JEN) et les tortues par CHARLES DODO. Elles occupaient l'archipel bien avant l'arrivée de l'homme et aujourd'hui il y en a encore 150 000 sur l'atoll d'Aldabra.


La Serbie (VLADISLAV SCEPANOVIC) et la Macédoine (TOME ADZIEVSKI) mixent souvenirs communistes et expressions (anti)capitalistes.


La Hongrie de GYULA VARNAI ne nous veut que du bien mais ne sort pas de la Guerre Froide avec Neon Peace et Rainbow (arc-en-ciel de pins et badges de l'ère communiste). La République Tchèque perpétue son goût pour le classique (JANA ŽELIBSKA).


On ne risque pas de rater le pavillon de l'Autriche avec le camion renversé de ERWIN WURN. Mais comme promis dans le titre de l’œuvre, une fois en haut, on ne voit pas la Méditerranée. L'Italie a la palme du glauque. On entre dans une usine qui fabrique des répliques d'un Christ zombifié. Le Canada, lui, se contente de faire fonctionner un geyser. Idéal par (très) fortes chaleurs.


Parmi les 30 pavillons qui ont retenu notre attention (sur les 86 participants), certains font réfléchir, choquent, créent un imaginaire. Et dans l'un d'entre eux, ANAS AL RADDAWI exprime juste ce qu'a connu une ville de culture s'il en est, dans son pays, la Syrie : Palmyre.

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